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Immigrer au canada pour fuir trump, un mythe?

Entre 2017 et 2019, 38 218 Américains ont fait une demande de résidence permanente au Canada.

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Selon les données d’Immigration Canada, une hausse des demandes de résidence permanente reçues de citoyens Américains a été observée en 2017, 2018 et 2019. (Crédit photo: Roslan RAHMAN / AFP)

Aux élections de 2016, plusieurs Américains avaient déclaré leur intention de s’exiler au Canada si Donald Trump était élu. Quelques-uns ont entamé les procédures d’immigration en raison de la situation politique qu’ils déploraient. 

Selon le Consulat des États-Unis à Montréal, on estime que plus de 600 000 Américains vivent au Canada. Selon un rapport effectué en 2018 par le Federal Voting Assistance Program, 516 309 d'entre eux sont des électeurs éligibles.

Pour Alexandre Couture Gagnon, professeure agrégée à l'Université du Texas Rio Grande Valley et membre associée de la Chaire Raoul Dandurand de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), les ressortissants des USA souhaitant s’installer au Canada font face à plusieurs obstacles.
 

« Immigrer au Canada à partir des États-Unis n'est pas si facile, donc je serais surprise qu'il y ait une hausse des demandes de citoyenneté canadienne de la part d'Américains », indique Mme Couture Gagnon. 

En revanche, Donald Trump ne fait pas l'unanimité et des Américains pourraient être tentés d'immigrer au Canada s'il devait être réélu en 2020. C'est le cas de Kimberly Waletich, avocate de profession, qui habite déjà au Québec depuis deux ans avec un visa de travail. 

Elle envisage de faire une demande de résidence permanente. Elle et son mari en ont discuté. « Il y a plusieurs choses qui nous plaisent ici comme l'assurance maladie universelle, très bénéfique, souligne-t-elle. 

Et il y a tellement de divisions aux États-Unis en ce moment. »

 

Mme Couture-Gagnon croit également que les récentes mesures en matière de mise en application des lois fiscales américaines encouragent presque certainement une hausse des renonciations de citoyenneté américaine. Des conséquences fiscales s'imposent pour les citoyens américains résidant au Canada. Comme l'explique un document publié par BDO Canada, un cabinet d'audit, ceux-ci sont obligés de produire une déclaration de revenus aux États-Unis. Ils doivent également respecter diverses obligations en matière de déclaration de biens étrangers.

Bien qu'elle habite au Canada depuis déjà 16 ans, l'Américaine Jill Gagnon se sent « toujours très liée » à son pays d'origine. « Peu importe où ils se trouvent, les Américains doivent encore déclarer leurs impôts au Internal Revenue Service [agence du gouvernement fédéral des États-Unis qui collecte l'impôt sur le revenu et des taxes diverses], affirme-t-elle.
On est financièrement lié aux États-Unis. »

Selon les données d’Immigration Canada, une hausse des demandes de résidence permanente reçues de citoyens Américains a été observée en 2017, 2018 et 2019. 

 

Pour Me Ho Sung Kim, avocat en droit de l'immigration au cabinet Lavery et vice-président de l’Association québécoise des avocats et des avocates en droit de l’immigration, il ne fait aucun doute que l'élection de Donald Trump en 2016 a encouragé certaines personnes à immigrer au Canada. « Depuis un certain temps, il y a même des entreprises basées aux États-Unis qui pensent à envoyer certains de leurs employés au Canada », indique-t-il.

De 2017 à 2019, les demandes de résidence permanente ont été motivées par des raisons économiques et des réunifications familiales. « La réunification familiale se fait depuis déjà longtemps et ça n’a pas augmenté dans les dernières années », précise Me Kim.

 

Selon l'avocat, la situation de la COVID-19 aux États-Unis n’est pas un facteur déterminant pour le moment. Il réitère le fait qu'« il y a beaucoup de gens qui sont insatisfaits de l’administration Trump. »

Et si ce dernier devait l’emporter le 3 novembre? « Il y aura beaucoup plus d’Américains qui essaieront de venir au Canada », tranche Me Kim.

Avec Joe Biden, la situation pourrait être différente. « Ça va probablement diminuer. Les demandes d'immigration reviendraient à la situation d'avant Trump, croit-il. Mais peu importe le type d’administration, il va toujours y avoir des Américains qui vont vouloir immigrer au Canada. »

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En 2017, 20 593 migrants sont entrés au Canada de façon irrégulière.(Crédit photo: William Edwards, Eleonore Sens / AFPTV / AFP)

Ce ne sont pas seulement les citoyens américains qui ont manifesté leur désir de venir s'installer au Canada dans les dernières années.  En 2017 et 2018, plusieurs demandeurs d’asile traversaient la frontière canado-américaine dans l'espoir de résider au Canada. Seulement en 2017, 20 593 migrants sont entrés au Canada de façon irrégulière.

 

Me Kim y voit un lien avec l’administration Trump.

« Ces gens-là sont sans papiers. Ils se sentent insécurisés avec Trump, analyse l'avocat. Si l'administration américaine démontre une volonté de les expulser, ils vont trouver une autre manière de trouver un autre pays pour les accueillir. »

Selon Statistiques Canada, le nombre de demandeurs d’asile a plus que triplé depuis 2015, passant d’environ 16 000 en 2015 à plus de 50 000 en 2017. « L’augmentation du nombre de demandeurs d’asile au cours des deux dernières années est en partie attribuable à une augmentation du nombre de migrants irréguliers (personnes entrant au Canada entre les points d’entrée désignés) qui demandent l’asile au Canada. »

Immigration Canada précise qu'un demandeur d’asile ne devient une personne protégée, et ne peut demander la résidence permanente au Canada, qu’une fois sa demande acceptée par la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR) du Canada. 

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